Sermons joyeux


Sermons joyeux est le premier spectacle de la compagnie. Cette petite forme de théâtre de rue a été créé à partir de textes de Jean Pierre Siméon. Elle ne se joue plus aujourd'hui mais à permis à la compagnie de créer de premiers rapports. Qu'ils soient humains, politiques ou artistiques. Il semble que ce texte, qui faisait partie du spectacle, puisse aider à comprendre certaines premières intentions...

 

 

Oui ça va mal

Oui les temps sont critiques

Et de tous les malheurs qui grognent à nos mollets

De tous les abandons qui nous vident le cœur

De toutes les défaites qui nous brisent la nuque :

L’enfermement où on tient désormais la langue, notre langue

Qui dit la bonté de l’instant

Et la chiennerie des jours ;

L’enfermement, de tous nos malheurs, pourrait être le pire.

Il y a deux façons contraires d’interdire la parole

La première le bâillon sur la bouche

Mais le cri bâillonné franchit les murs et perce les tympans

La seconde la prolifération l’excès

Omniprésence proliférante

Omniprésence surabondante

Outrance qui surabonde

Prolifération d’une langue molle sans plus d’os ni de chair

Sans odeur et sans haleine

Transparente flasque dormante (langue sans haut ni bas, langue horizontale, langue couchée, bâillante sur son sofa, langue sans paroles, langue qui ne parle pas, ne peut, ne veut et ne dit que ce non-pouvoir, ce non-vouloir, langue chamallow dont en souriant on vous bourre l’oreille et la gorge, langue à répéter, à dégorger, à régurgiter)

Qui n’attrape rien

Ne tient rien

Ne tient à rien.

Voila le malheur

Et notre erreur

Notre furieuse erreur

Cette généreuse liberté de tout dire

De parler tout parler se parler

Mais dans la langue molle

Sans poitrine sans âme et sans cul

Lexique précuit syntaxe surgelée

Reality-langue obscène qui prétend dire le tout

Quand elle réduit le monde

A l’amas insignifiants des signes

Au rebours mes amis

Inventons la langue abrupte et nue

Qui lit le dessous des cartes

Retournons-nous vers la langue-poème

Partout faisons sonner par objection

La langue extrême du poème.

Là où l’on vous presse d’être direct

Imposez le détour qui seul expose à l’inconnu

Là où l’on vous commande la clarté concise

Déployez l’obscur

Et goutez son vertige